Méduse est une Gorgone dans la tradition grecque ; les Gorgones sont un trio de sœurs immortelles et divines, nées de deux divinités marines
selon les sources antiques. Mais Méduse est différente, elle est la seule mortelle des triplettes… Une mortalité qui causera sa perte.

On la décrit comme extrêmement fière de sa chevelure, si fière qu’elle disait qu’elle était plus belle et soyeuse que celle de la déesse Athéna. C’est
pour sa désinvolture et sa fierté qu’Athéna décide de la punir... Une autre version du mythe est toute aussi populaire et a été reprise dans
les représentations artistiques récentes : violée par Poséidon au sein du temple dédié à Athéna, la déesse prend cela pour un affront et la punit.

Peu importe les sources antiques, toutes relatent la terrible métamorphose de Méduse qui lui est faite en guise de punition.
Le courroux divin abattu, la chevelure de la jeune fille se métamorphose en une masse de serpents sifflants... Mais son regard est aussi maudit :
quiconque regardera ou sera regardé par Méduse dans les yeux sera changé subitement en une statue de marbre ou de pierre.

Méduse, la monstre

Méduse devient dès lors un monstre… Écartée de la cité parce qu’elle terrifie et pétrifie, elle trouve refuge dans une grotte
à l’autre bout de l’île avec ses deux sœurs. La pensée antique considère le monstre comme la chose qui ne doit pas être vue et
qui ne doit pas être montrée. Et c’est bel et bien ce qu’est Méduse : par son regard et sa laideur, elle ne doit être vue et fait le choix de l'exil.

Et comme tous les monstres, on tente toujours de la terrasser… Peu d’entre eux y parviennent si ce n’est le preux Persée, né de l’union interdite
entre Zeus et Danaé, qui a promis avec désinvolture au roi Polydectès de lui ramener la tête de Méduse à l’occasion d’un banquet.

Alors aidé par Athéna et Hermès, il se faufile discrètement - rendu invisible par le Casque d’Hadès  - dans la grotte des Gorgones
et décapite sauvagement Méduse endormie d’un coup de harpé. Alors égorgée, de son cou sanglant accouchent Pégase - le cheval ailé  - et
Chrysaor - le chevalier d’or  -… mais naissent aussi de son sang de terribles serpents vénéneux qui pullulent dans les déserts de Libye
lorsque Persée prend la fuite, équipé des Sandales ailées d’Hermès.

                                                                               Qu'en est-il du mythe aujourd'hui ?

Si vous le pouvez, égarez vos yeux sur le célèbre tableau du Caravage, au musée des Offices à Florence,
et laissez-vous méduser par ce chef d'œuvre de la peinture italienne… C’est l’iconicité de la tête
tranchée de Méduse qui subsiste aujourd’hui, depuis longtemps reprise dans les arts, par Le Caravage 
ou encore Rubens dont La Tête de Méduse est une vraie nature morte, comme vous le voyez sur la bulle.

La grande maison Versace reprend d’ailleurs une copie antique bien moins abominable du visage de
Méduse, image que la maison régénère sans cesse dans leurs motifs ou leurs bijoux par exemple.

En somme, la Méduse n’a pas eu grand impact dans la culture populaire, même si l’on peut saluer
l’incroyable performance de l'actrice Uma Thurman dans le premier film de Percy Jackson.

Mais dans une dimension plus politique et féministe, Méduse représente aussi la violée victime d’un système patriarcal,
c’est celle qu’on veut oublier et qu’on tend à humilier, celle que l'on punit. Quand elle est décapitée par Persée, son cri subsiste :
ce n’est pas qu’un simple cri de peur ou d’horreur, c’est un cri de désespoir et de déploration.

Sa laideur la rend monstre, ses yeux font d’elle un bourreau mais en somme, elle n’est et ne restera qu’une victime.