« La justice est la vérité en action. » Cette phrase d’Anatole France devrait être gravée sur le fronton de nos institutions. Elle devrait être le socle de toute République digne de ce nom. Mais visiblement, chez certains, la vérité n’est valable que lorsqu’elle sert leurs intérêts.
Marine Le Pen, Jordan Bardella, Nicolas Sarkozy : trois noms, une même réalité.
Tous prônaient l’ordre. Tous se posaient en garants de la rigueur. Et tous, aujourd’hui, se retrouvent face au miroir judiciaire qu’ils pensaient réservé aux autres.
La droite française, si prompte à exiger la sévérité pour les délinquants de cité, découvre soudain les charmes du relativisme quand il s’agit de ses propres figures. Sarkozy, condamné pour corruption et trafic d’influence, n’est plus un justiciable comme un autre : il devient un martyr. Marine Le Pen, empêtrée dans des affaires de détournement de fonds, n’est plus une fraudeuse potentielle : elle est victime d’un acharnement. Jordan Bardella, dont les finances intriguent la justice, ne serait plus un homme politique, mais une cible d’un « système ».
L’indignation à géométrie variable
Quand Sarkozy était poursuivi, que disait-on dans les rangs du RN ? « C’est un voyou en col blanc, un représentant de l’oligarchie qui trahit le peuple. » Quand la justice rattrapait Fillon, ils criaient à la fin de la droite morale. Aujourd’hui, les mêmes qui jubilaient face aux ennuis judiciaires des autres crient au scandale et à l’injustice.
On nous parlait d’une droite dure, d’un parti de la fermeté. Mais dès que leurs propres chefs sont touchés, il n’y a plus de principes, plus de rigueur, plus de morale. Seulement une défense acharnée, des pirouettes rhétoriques, des arguments aussi fragiles qu’un château de cartes.
La loi pour les autres, l’impunité pour eux ?
Le plus ironique, c’est que le RN et la droite dite « dure » ont toujours vendu une image d’ordre absolu, où la République ne plie devant rien. Mais alors, pourquoi les discours changent-ils quand l’ordre vient les chercher, eux ? Pourquoi faudrait-il traquer le moindre voleur de scooter avec une poigne de fer, mais épargner ceux qui détournent des millions d’euros d’argent public ?
Victor Hugo l’écrivait déjà : « Il vient une heure où protester ne suffit plus : après la philosophie, il faut l’action. » L’action, aujourd’hui, c’est de refuser cette hypocrisie monumentale. Si Marine Le Pen et Jordan Bardella sont reconnus coupables, ils doivent être traités comme n’importe quel justiciable. Point.
Parce que la République ne doit jamais trembler devant les puissants. Parce que la justice ne doit jamais être une variable politique. Et parce qu’au fond, il n’y a qu’une seule question qui vaille :
Si Marine Le Pen et Bardella croient tant en l’ordre et la justice, pourquoi fuient-ils leurs responsabilités quand elles les rattrapent ?