Le monde est un échiquier, et les pièces bougent parfois de manière imprévisible. Donald Trump l’a bien compris : dans cette grande partie, l’Amérique ne peut se permettre d’être le chevalier blanc éternel. Sa proposition de récupérer les minerais ukrainiens pour « rentabiliser » les milliards investis par les contribuables américains est une idée aussi tranchante que sa politique étrangère. À ceux qui y voient une aberration, je réponds : ne serait-ce pas, au fond, la logique même ? Dans ce monde où les intérêts sont toujours au centre des jeux diplomatiques, Trump rappelle une vérité simple mais cruelle : "Quand on engage la partie, il faut en tirer quelque chose."
Certes, son approche semble cynique, voire brutale, mais à y regarder de plus près, elle n’en est pas moins réaliste. Depuis des décennies, les États-Unis investissent des sommes faramineuses dans des conflits qui n’aboutissent jamais à une véritable réciprocité. Trois cents milliards de dollars engloutis pour un conflit lointain, un sacrifice sans retour pour les citoyens américains qui, dans l’ombre, n'ont pas voté pour devenir les financements éternels de la guerre froide du XXIe siècle. Donald Trump n’a jamais caché sa position : pourquoi continuer à payer sans contrepartie, quand les Européens, eux, continuent de compter sur l’ombre protectrice de l'OTAN ? "Si vous voulez être protégés, vous devez aussi mettre la main à la poche", disait-il déjà. Une pensée qui, à bien des égards, interpelle.
Pourtant, derrière cette volonté de rentabiliser, de récupérer ce qu’on a investi, il ne faut pas oublier un autre point crucial : la question de la solidarité internationale. Si l’Europe, si proche géographiquement de l’Ukraine, ne prend pas en charge sa défense, pourquoi les États-Unis, dont les intérêts géopolitiques se trouvent à des milliers de kilomètres, devraient-ils assumer le fardeau ? Là encore, Trump a raison de questionner ce système déséquilibré. Dans l’OTAN, les États-Unis financent près de 70 % des dépenses. Faut-il continuer ainsi, à jouer le rôle du grand bienfaiteur sans que les autres partenaires ne fassent leur part ?
Zelensky, lui, se trouve dans une position délicate. Loin de moi l’idée de remettre en question son courage ou son leadership, mais, à trop chercher à incarner le champion de la liberté, il a peut-être oublié de lire les signaux d’un monde qui évolue. Il est trop facile, voire trop commode, de se poser en victime sacrifiée par des grandes puissances qui ne veulent pas comprendre la profondeur de la situation ukrainienne. Pourtant, face à Trump, qui n’a jamais caché sa volonté de rapprocher les États-Unis de la Russie, Zelensky aurait peut-être dû adopter une approche plus pragmatique. En politique, l’idéalisme est souvent une faiblesse. Comme le disait Machiavel : "La fin justifie les moyens", et la fin, dans ce contexte, c'est la paix. Une paix que Trump, bien que contesté, semble vouloir plus vite que ses homologues européens, et peut-être même plus que Zelensky lui-même.
Il est difficile de nier que l'Ukraine, dans sa quête de soutien à l'échelle mondiale, a fait face à des vents contraires. Toutefois, à trop vouloir avancer avec des principes idéologiques, Zelensky a raté une occasion de tendre la main à celui qui pourrait, à sa manière, accélérer la fin de ce conflit. Trump, en apportant cette idée des minerais, n’était pas en train de se poser en maître du monde, mais en pragmatique. En politique, les métaphores les plus complexes cachent souvent des vérités simples : il faut des ressources pour continuer à se battre, et ce n’est pas en fermant les yeux sur cette réalité qu’on réglera les conflits.
La question que l’on pourrait poser ici, c’est : pourquoi l’Amérique devrait-elle continuer à financer l’Ukraine à perte ? Pourquoi les autres nations, en particulier l’Europe, attendent-elles encore que l’OTAN soit un gendarme mondial sans en payer les coûts ? Trump, dans son approche calculée, ne fait que refléter une logique géopolitique froide mais nécessaire. Il faut en finir avec cette illusion de la générosité sans retour.
Zelensky a, à mon sens, une part de responsabilité dans cette équation. La diplomatie, ce n’est pas seulement défendre une cause, mais aussi savoir choisir ses batailles et ses alliés. Dans cette guerre, les principes moraux doivent parfois céder la place à une réalité plus pragmatique. Les dirigeants, qu’ils soient américains ou ukrainiens, doivent apprendre à naviguer entre les idéaux et les nécessités. Car comme l’a dit Albert Einstein : "Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire."
À défaut de réconciliation avec la Russie, peut-être que Trump est celui qui, d’une manière peu conventionnelle, s’efforce de trouver la voie la plus rapide vers la fin de cette guerre. Ce n’est pas de l’aveuglement, c’est du réalisme géopolitique. Quant à Zelensky, il devra peut-être accepter que, parfois, la politique de puissance s’accompagne de concessions douloureuses mais nécessaires.