10e pays le plus grand au monde, et pays le plus grand d'Afrique, l'Algérie regorge de multiples ethnies et cultures, très différentes les unes des autres. Ces derniers ont souvent de célèbres tenues qui leurs sont associées, et généralement très prisées à travers tout le pays; comme la Chedda Tlemcenia de Tlemcen, la Blouza Oranaise, le Karakou d'Algiers, le Badroun de Blida, le Taqendurt de Kabylie, la Melhfa Chaoui ou encore la Jebba Fergani de Constantine.

De gauche à droite :  Chedda de Tlemcen, Taqendurt Kabyle & Fergani Constantinoise.

Cependant, l'Algérie regorge d'autres tenues aussi belles que ces dernières mais bien moins connues...

Commençons avec la wilaya de Tlemcen et ses fameux Rda Tlemceni et Arftan. 

De gauche à droite : Rda Tlemceni et Arftan Tlemceni

Très similaire au Melhfa Chaoui, le Rda Tlemceni est une tunique rectangulaire longue de 4 mètres en soie, en mousseline ou encore en Mensouj (tissus luxueux originaire de la même wilaya). Son origine remonterait bien avant l'arrivée des romains en Afrique du Nord. Étendue et ample, le Rda Tlemceni est souvent porté au-dessus d'une Blouza Mensouj à manches longues, en parallèle des différents bijoux traditionnels typiques du pays voire même de la région. 

Le Arftan Tlemceni (à ne pas confondre avec "Keswa diel Oujda" qui n'existe tout simplement pas), est une veste en velour brodée au fil d'or, cette tunique est en fait le vêtement star qui accompagne la fameuse Chedda Tlemcenia; en effet, la Chedda n'est en fait que la couronne faites à partir de multiples bijoux et accessoires, que portent les mariées tlemceniennes sur leurs têtes. La tenue principale est donc le Arftan ainsi que la Blouza Mensouj. Très rarement porté seul, le Arftan Tlemceni fait partie des costumes algériens les plus coûteux. 

Partons maintenant pour la wilaya de Mostaganem, avec la Tegrifa et la Chedda Mostaganemoise. 

Jeune femme vêtue d'une Tegrifa et de la Chedda Mostaganemoise. 

La Tegrifa Mostaganemoise est en fait un petit corset (très similaire à la Frimla d'Algiers) en velours et brodé au fil d'or que porte la jeune mariée mostaganemoise au dessus de la Blouza Mensouj de Tlemcen. Toujours accompagnée des multiples bijoux traditionnels algériens comme le Chentouf, la Krafach Boulahya ou encore la Meskia. 

La Chedda Mostaganemoise est une coiffe résultant d'un assemblage de multiples bijoux et accessoires, comportant notamment une petite calotte conique rouge en velours brodées de louis d'or, du khit-er-rouh, et d'autres accessoires nommés "zawech" spécifiques à la chedda comme ettayr el mhajjar (oiseau en or), el raaech (fleur en or) tous épinglés à la coiffe. La chedda mostaganemoise est accompagnée d'un grand foulard aux files d'or originaire d'Algiers le mhermet leftoul.

Allons maintenant au sein de la wilaya de Constantine avec le Caftan el Qadi.

Littéralement "Caftan du Juge" en arabe, ce Caftan, bien que largement porté à Algiers, est en fait originaire de la ville de Constantine ! Robe en velours généralement de couleur noire, longue, aux manches longues et brodés aux fils d'or, souvent de motifs floraux et animaliers (paons). Ce vêtement luxueux était en fait porté par les hauts fonctionnaires à l'époque de la Régence d'Alger (état tributaire, appartenant à l'empire ottoman et quasi indépendant). Devenu ensuite unisex, ce vêtement est aussi bien porté par les femmes que par les hommes. Du côté de la gente féminine, les femmes le portent souvent à l'occasion des mariages, souvent accompagné de la mhzama soltane (ceinture en louis d'or). 

Attention, à ne pas confondre avec le "Caftan Ntaa de Fès" qui n'existe tout simplement pas, car les algériens s'étant établis au Maroc, car fuyant la colonisation française au 19è siècle, ont fait l'erreur d'emporter avec eux cette sublime robe algérienne, dont ces derniers n'ont pas hésité à se la réapproprier en la renommant "Caftan Ntaa de Fès". 

Allons un peu plus à l'est encore dans la wilaya de Jijel avec la Chemsa Jijelia.

Très semblable à la Jebba Fergani/ Jebba Constantinoise, la Chemsa Jijelia a pour différence, que la robe soit faite en satin, et brodée au fil d'or, toujours, mais aussi brodé de perles, de diamants et de fils colorés. Autant portée à Jijel que dans les wilayas voisines, cette robe est plus appréciée pour son confort, car moins lourde que la Robe Constantinoise. C'est une robe souvent portée lors de grandes occasions toujours accompagnées des fameuses ceintures en louis d'or ainsi que de la Meskia. 

Rendons-nous à présent dans la wilaya de Annaba avec la Dlalla Annabia et la Leffa Annabia.

De gauche à droite : Dlalla Annabia & Leffa Annabia

Leurs concepts sont très similaires aux cheddats que nous retrouvons dans l'ouest algérien, la Dlalla et la Leffa sont en fait des chaperons portés par les femmes mariées de Annaba, découlant d'un assemblage de plusieurs bijoux et accessoires.

La Dlalla Annabia est en fait l'assortiment de la Bniqa (premier foulard en satin posé sur la tête de la jeune mariée) suivie d'une haute coiffe en velours où des louis d'or ont été cousus. Puis de multiples accessoires tels que Jbin Edheb, le Khit-er-Rouh et les Chouchnat. Par dessus la coiffe, la Tesriha, un long foulard généralement de couleur bleue recouvre la coiffure. 

La Leffa Annabia est en fait exactement similaire à la Dlalla à l'exception que la coiffe en louis d'or est remplacée par la Chechia, une coiffe en velours décorée aux fils d'or et aux louis d'or mais penchée. Où est souvent accroché à la pointe de cette dernière des accessoires, comme une main de Fatma par exemple. 

Généralement, la Dlalla Annabia est habillée avec une Jebba Annabia et d'un Qat (similaire au Arftan de Tlemcen). 

La Leffa quant à elle, est plus souvent accompagnée de la Chemsa Jijelia, mais peut être aussi portée avec une Jebba Annabia.

Les 2 tenues s'accordent aussi avec les bijoux algériens en or, tels que le Skhab, le Chentouf, les Kholkhal, la Krafache Boulahya ou encore le Mkhebbel. 

Allons à présent dans le sud de l'Algérie, en plein milieu du Sahara dans la wilaya de In Salah avec le Djawali.

Femme de In Salah, portant un Djawali coloré.

Initiallement de couleur blanc et avec une ceinture verte, le Djawali est une tenue traditionelle typique de la ville même d'In Salah. Constitué d'un Melhfa transparent à motifs, entouré à la taille par un foular de couleur verte, ou autre. Le Djawali est une tenue encore portée aujourd'hui mais bien mise de côté.

Mention honorable pour la wilaya de Béjaïa avec la Gandoura Bejaouia, une tenue disparue.

Béjaia, ayant été gouvernée par un caïd turc lors de l'époque de la Régence d'Alger, grand port maritime étant le point de départ vers de nombreuses destinations, la ville de Bejaia a été touchée d'un bout de doigts par la dominance turque. Cette magnifique robe, aujourd'hui complètement oubliée, fut portée il y a un temps par les femmes bougiotes. D'inspiration turque, elle reprend le concept du Caftan el Qadi, longue robe aux manches longues, en velours noirs, brodée au fil d'or aux formes arrondies symétriques, et floraux. Cette robe n'existe plus aujourd'hui. 

J'ai pu mettre en avant qu’une infime partie de toutes ces tenues traditionnelles algériennes encore mises de côtés, mais il y en a bien d'autres, comme la Melhfa Ghardaouia, le Binoir Sétifien, la Jebba Chelfaouia, le Holly de Oued Souf, le Kwiyet Algérois, la Ghlila de Blida, La Jebba Boussadia, la Jebba Chtar de Constantine, le Caftan el Bahdja d'Algiers, etc. 

Je précise que toutes ces tenues sont algériennes, et non originaires d'autres pays. Certains peuples n'hésitent effectivement pas à s'approprier nos tenues et à les identifier comme leurs appartenant, enfin bref. 

N'hésitez pas à me partager d'autres tenues oubliées d'Algérie, et à me dire quelle tenue est votre préférée !