
Souvent, on me reproche d’être dans mon monde, de vivre dans un film. On me dit de me secouer, d’ouvrir les yeux, de grandir, mûrir et de revenir sur Terre.
Sauf que mon monde à moi, il est tolérant, sensible, ouvert, rempli d’espoir et d’Amour, je l'ai appelé FRIENDS CITY.
Alors, pour quelle raison devrais-je vivre dans leur monde à eux ?
Ce monde que je côtoie par obligation quotidiennement, il est triste, lugubre, angoissant, rempli de cœurs méchants, d’esprits de vengeance, d’actes de violence, de paroles déplacées et blessantes, d’âmes sans empathie. Un monde sans amour, où les petits plaisirs égoïstes de chacun priment sur les besoins des autres.
Dans ce monde, la critique méchante et gratuite fait partie intégrante de la vie quotidienne, dans le métro à 7h du matin, à la pause de midi lors du repas entre collègues ou encore sur le trajet du retour à la maison, en passant par la caisse du supermarché. Chaque seconde, au moins une personne porte un regard de jugement sur quelqu’un. Ce regard résume en lui-même la mentalité de la personne derrière celui-ci.
Cette mentalité qui fait que les minces critiquent les gros. Les gros eux-mêmes se critiquent entre-eux, en trouvant que c’est un effet de mode de l’assumer, tout ça parce qu’eux mêmes ne l’assument pas.
Les hétérosexuels critiquent la communauté lgbtqia+ tout simplement parce qu’ils n’acceptent pas ce qu’ils ne comprennent pas, ce qu’ils ne sont pas. Le jugement est plus facile et rapide que la découverte et la compréhension de l’inconnu. Les gais et les lesbiennes la critiquent aussi. Ils sont fiers d’être ce qu’ils sont mais ne supportent pas que les autres soient fiers de l’être aussi.
La classe moyenne critique la classe aisée parce qu’elle est jalouse, mais critique aussi la classe défavorisée parce qu’elle n’est pas assez bien à leurs yeux.
Les vieux critiquent les jeunes parce qu’ «à l’époque, tout était si différent ». Alors qu’à leur âge, les vieux d’aujourd’hui étaient les jeunes d’hier. Et, ils n’étaient pas mieux que ceux d’aujourd’hui. Ils étaient juste différents. Et oui, le monde a changé. Il évolue sans cesse, avec ses avantages et ses inconvénients. Et cela pour l’infini. Les vieux n’acceptent simplement pas de vieillir et oublient que eux aussi étaient jugés à leur âge.
Les femmes critiquent les hommes les jugeant machistes, sexistes, et pas assez féministes. Mais les femmes entre-elles se portent un regard encore plus violent.
Les personnes d’un pays critiquent celles d’ailleurs, « les étrangers », venant d’autres pays, d’autres continents. Alors qu’en réalité, ils sont parfois nés au même endroit. Tout ça parce que la différence fait peur. Une simple couleur de peau remet tout en question.
Les personnes de confession se font la guerre entre-elles. Et pourtant, la base des textes sacrés est la même. Au commencement, la religion existait pour réunir les gens autour d’une valeur commune: l’Amour. Les gens ont fini par créer l’inverse: la guerre.
Et, tout cela se dit en chuchotant dans les lieux publics ou en riant au sein de son groupe d’amis, en oubliant que chacun dans son groupe a ses propres pensées, son propre avis qui, peut être, n’est pas le leur.
Moi aussi, il m'arrive d'être hypocrite, parce que cela, je ne le dis pas en public, et peut-être même pas entre amis ou en famille. Pourquoi? Parce que dans le monde dans lequel on veut que j’appartienne, ça n’est pas permis. Ça n’est pas permis d’avoir un avis trop honnête ou éloigné de l’avis commun.
Alors oui, je suis égoïste. Mais, en rentrant le soir, j’arrive à me regarder dans le miroir, même si c’est en pleurant dès que je survole des commentaires partout sur les réseaux, de contenus qui ne sont même pas les miens, ou en écoutant les discussions autour de moi, comme aujourd’hui encore.
Certains diront que je suis trop sensible, faible, ou carrément une drama queen.
Très peu me comprendront.
Mais moi, je m’endors le soir, en décidant que le lendemain, j’essaierai de vivre un peu plus dans mon film à moi, plutôt que dans la triste réalité des gens qui m’entourent. Ça aussi, c’est égoïste. Mais malheureusement, la haine l’emporte face à la bonté. L’égoïsme l’emporte face à l’esprit de communauté.
Une réalité n’existe pas à proprement parler. Chacun a sa propre perception de celle-ci. La réalité n’existe pas.
Moi, ma perception, elle me plaît. Et dans ma vie quotidienne, je suis heureuse quand une personne a envie de visiter mon monde à moi, de venir y vivre et d'en faire partie. Après ça , j’ai tout gagné.
Voilà le monde d’hypocrites dans lequel nous vivons tous. Et, je le suis, moi aussi. Personne ne peut déclarer de manière honnête n’avoir jamais jugé ou critiqué quelqu’un d’autre. Je l’ai fait aussi. Mais, chaque jour, j’essaie de m’ouvrir encore un peu plus au monde, d’apprendre des autres, de leur vie, de leur vécu, de leurs connaissances, de ce qu’ils ont à m’apporter directement ou indirectement. Je m’enrichis toujours un peu plus, dans l’espoir de ne plus reproduire les mêmes erreurs, et pouvoir partager mes acquis à ceux qui le souhaitent.
Tout cela paraît utopique pour beaucoup de monde, digne d’un film que je me serais créé.
Et pourtant, je continue de garder espoir. L’espoir qu’un jour, tout le monde ait la chance de vivre dans mon monde à moi, où tout serait plus humain tout simplement. Plus nous.
Il m'a fallu des épreuves pour qu’après 40 ans de vie, j’ouvre les yeux sur ce monde dans lequel je vis. J’aurais préféré ne jamais les ouvrir. Je ne suis pas sûre que ma sensibilité au monde trouvera la force d’accepter cette facette du monde.
En revanche, au quotidien, je fais, ici, tout pour transmettre les valeurs qui font de mon monde ce qu il est. Si à la fin de ma vie, j’aurai réussi à y faire entrer quelques personnes, j’aurai tout réussi.
A ceux qui auront lu ce texte jusqu’au bout, c’est déjà un pas vers ce monde. Ce monde, qui est le mien et aussi le votre si vous le souhaitez, s'appelle FRIENDS CITY et vous y serez toujours les bienvenus.
Mariefet Maire de Friends City sur HabboCity ;)