La rencontre avait été banale. C'était à la FAC, un jour de rentrée en cours d'histoire de l'art contemporaine, nous avions levé tous les deux un doigt vers le plafond pour se disputer un exposé sur Leonard de Vinci, mais le destin avait était déjà joué...La professeur nous avait obligé à être ensemble pour l'exposé en optant pour un oral en duo plutôt qu'en solo, à ce moment là notre danse avait déjà commencée.
Le lendemain à nos premiers cours magistraux nous nous étions mis à côtés pour discuter de l'exposé, c'était fou comme... Un visage qui m'était inconnu dont ma première impression était mauvaise à l'égard de son apparence, un visage qui selon mon premier jugement n'était pas ce que je recherchais, moi qui voulais être avec une autre fille plus charmante... Elle parlait, parlait, parlait, je tentais de dévier mon regard, sauf qu'elle parlait... Elle me parlait à moi qui ne l'écoutais plus, comme-ci l'avais-je déjà écouté un seul instant, moi qui tentais de m'évader ?... Mes oreilles ne répondaient pas, pourtant mes yeux lisaient dans ses lèvres, la vision en périphérie me permettait de la dévisager sans même orienter mon regard ailleurs que sur ses lèvres qui bougeaient à l'allure de plusieurs paragraphes oraux en seulement 2 heures de cours... C'était une véritable horreur, pensais-je.
Une suite inattendue lors d'une soirée d'intégration ? Ah, c'est vrai...Elle m'en avait parlé hier pendant ces 2 heures de cours...Ces fameux... Comment aurais-je pu refuser, moi qui collaborais avec elle ? Peut-être parce que mis à part elle il y avait d'autres filles, sûrement mieux qu'elle et certainement moins bavardes ? Nous étions autour d'une table ronde et cette... elle était juste en face de moi. C'était étrange, elle ne me parlait pas, ne me regardait plus, sa tête tournée vers sa meilleure amie qui l'accompagnait. Je rêve ? Je la regardais encore ? Non, je la voyais, son sourire de profil, sa posture adroite sur la chaise haute, était-ce vraiment elle que je voyais ou étais-je trop saoul à cause de deux petites bouteilles de DESPERADOS ? En toute confiance en mes capacités de tenir l'alcool, je la trouvais belle. Quelle idée de quitter un bar pour aller manger un tacos à 00h10 ? Il est vrai que c'était mon idée mais tout de même...Elle est venue alors que je ne lui avais pas proposé, ou alors était-ce elle qui m'avait invité en compagnie de ses amies ?
J'avais enfin reçu mon tacos, j'avais vraiment faim et cette fille, cette chose était encore en face de moi. La table était rectangulaire cette fois, à l'extérieur, la nuit, les étoiles, le ciel dégagé, la douce brise de vent qui refroidissait mon tacos, je n'avais plus d'appétit. Mais pourquoi est-ce que j'étais aussi rassasié ? Cette fille en face, ses cheveux relâchés qui me faisait des remarques, à moi, qui n'avais pas fini un vulgaire tacos, mais pour qui me prenait-elle, elle, cette créature qui m'énervait, qui souriait malicieusement après chaque remarques, que je dévorais des yeux à chaque mouvement de lèvres ?... Foutaise ! Pourquoi la raccompagnerai-je chez elle, et puis quoi encore ?! Nous étions que deux, mais où étaient passés les autres ? Sûrement rentrés chez eux...Mais qui allait me sauver alors ? Comment pouvais-je deviner que ce serait elle qui me sauverait ? Nous attendions le bus sous l'arrêt, nous discutions pour faire passer le temps... Mais qu'est-ce qui me prenait ? Moi, m'ouvrir à cette fille ? Et bien oui... Elle, elle n'avait aucun mal à le faire...Finalement nous sommes bien rentrés, je le constatais par un SMS de bonne nuit de sa part, de la part d'une tendresse sans fin.
Deux semaines très exactement passèrent, nous étions un petit groupe d'étudiants qui allaient au cinéma, organisions des parties de cartes, des pique-niques mais surtout des randonnées. Et où qu'on allait, elle, elle était toujours à côté de moi, je me demandais si c'était un hasard, si c'était moi qui l'avait voulu, ou alors était-ce un premier pas de sa part ? En deux semaines je l'ai vue sous toutes les coutures, en tant que randonneuse, de joueuse, d'étudiante, ou simplement en tant qu'elle même, elle, si douce, si timide mais pourtant si sûre d'elle ? Oui, je m'en rendais compte, elle était un bon publique...Mais uniquement avec moi. Aujourd'hui c'était moi qui le voulait. Lui parler, la taquiner, lui faire des remarques provocateurs... Je voulais qu'elle me remarque. Comment ça ? Quoi ?! Nos mains se joignaient, un soir, une descente après une longue montée épuisante, elle marchait à côté de moi, tenais le rythme jusqu'au bout... Nous sortions d'une randonnée... J'avais été content d'avoir gravi le sommet, ces 900 mètres d'altitudes. Et pourtant lorsque sa main c'est collée à la mienne par je ne sais quelle miracle venu tout droit des cieux, lorsque cette douce peau était en contact, nous étions au pied de la montagne, j'étais revigoré. Cette montagne ? Laisse tomber... j'aurais pu la déplacer, la faire s’effondrer d'un seul battement de cœur.
Tous les jours je la raccompagnais, pas jusqu'à chez elle évidemment, c'était un geste amical, je prenais ce bus tous les jours, qu'elle prenait pour rentrer, je la laissais partir avec une bise en guise d'au revoir. Pourtant nous nous tenions la main... Mais que c'était-il réellement passé ? Je devais en avoir le cœur net ! C'était ce jour précis, il y avait beaucoup plus de monde dans le bus, il prenait son temps plus que d'habitude. C'était un temps précieux... Ce que je m’apprêtais à faire n'était peut-être pas une bonne chose... Pour qui ? Je ne saurais le dire... La porte s'ouvrait, elle sortait, mon bras est parti à la conquête de cet être, j'ai attrapé son épaule, je l'ai tirée vers moi... J'ai scellé à jamais le pacte. Ce baisé qui n'avait duré qu'une demi-seconde ce jour-là ne cesse de se répéter depuis maintenant 6 années.