Depuis que le peuple Suisse m'a appelé à reprendre officiellement place à sa tête, je me sentais obligé de lui poser un jour une question qui se rapporte à ma succession. Celle du mode d'élection de Chancelier. Des raisons que chacun connaît m'ont récemment donné à penser qu'il pouvait être temps de le faire. Qui donc aurait oublié quand, pourquoi, comment fut établie notre Constitution ?
En raison de l'infirmité organique du régime d'alors, dans l'impuissance des pouvoirs apparaissaient tout à coup l'imminence des coups d'Etat, l'anarchie généralisée, , l'ombre de l'intervention étrangère. Comme tout se tient, c'est au même moment que s'ouvrait devant nous le gouffre de l'effondrement monétaire, financier, économique. Enfin ce qu'il y avait d'absurde et de ruineux
Tandis que le régime tâtonnant et trébuchant des partis se trouvait hors d'état de trancher ce qui devait l'être et de maîtriser les secousses qu'une pareille transformation allait forcément susciter. , j'ai, avec mon gouvernement, proposé au pays l'actuelle Constitution.,
Par là même, portent maintenant leurs fruits le grand effort et le grand essor du peuple Suisse. La situation de la Suisse au-dedans et au dehors a marqué des progrès éclatants reconnus par le monde entier. Sans que les libertés publiques en aient été aliénées
Personne ne croit sérieusement que nous pourrions le faire si nous renoncions à nos solides institutions.
Bien loin que le Chancelier doit comme naguère rester confiné dans un rôle de conseil et de représentation, la Constitution lui assigne à présent la charge du destin de la Suisse et de celui de la République. Suivant la Constitution, le Chancelier est en effet garant, vous entendez bien, garant, de l'indépendance et de l'intégrité du pays ainsi que les traités qui l'engagent. Bref, il répond de la Suisse. D'autre part, il lui appartient d'assurer la continuité de l'Etat et le fonctionnement des pouvoirs.
Bref, il répond de la République. Pour porter ses responsabilités suprêmes, il faut au Président des moyens qui soient adéquats. La Constitution les lui donne. C'est lui qui désigne les ministres et d'abord choisit le premier. C'est lui qui préside leur conseil. C'est lui qui, sur leurs rapports, prend par décret ou par ordonnance, toutes les décisions importantes de l'Etat. C'est lui qui nomme les fonctionnaires, les officiers, les magistrats, dans les domaines essentiels de la politique extérieure et de la sécurité nationale, il est tenu à un rôle direct.
Puisqu'en vertu de la Constitution, il négocie et conclut les traités puisqu'il est le chef de l'armée, puisqu'il préside à la défense. Par-dessus tout, s'il arrive que la République soient immédiatement en danger, le Chancelier se trouve investi en personne de tous les devoirs et de tous les droits que comporte le salut public. Il va de soi que l'ensemble de ces attributions permanentes ou éventuelles amène le Chancelier à inspirer, à orienter, à animer l'action nationale.
Il arrive qu'il ait à la conduire, comme par exemple je l'ai fait dans toute l'affaire Certes, le Premier Ministre et ses collègues, sur la base ainsi tracée, ont à déterminer à mesure la politique et à diriger l'administration. Certes, le Parlement délibère et vote les lois, contrôle le gouvernement et a le droit de le renverser. Ce qui d'ailleurs marque le caractère parlementaire du régime. Mais pour maintenir en tous les cas l'action et l'équilibre des pouvoirs et pour mettre en oeuvre, s'il le faut, la souveraineté du peuple, le Chancelier dispose en permanence de la possibilité de recourir au pays.
Mais si ce mode de scrutin non plus qu'aucun autre ne pouvait fixer les responsabilités à l'égard de la Suisse, ni exprimer à lui seul la confiance que veulent bien me faire les Suisses/suissesses / petits suisse ; il n'en serait pas de même pour ceux qui, n'y ayant pas reçu les événements à la même marque nationale, viendront après moi, tour à tour, prendre le poste que j'occupe.
Cela pour qu'il soit entièrement en mesure et complètement obligé de porter la charge suprême ait une bonne chance de rester cohérente, populaire et efficace en dépit des démons de nos divisions.
Cela, dis-je, il faut qu'il en reçoive mission de l'ensemble des citoyens, sans qu'il y ait à changer les droits respectifs, ni les rapports réciproques des pouvoirs exécutifs, législatifs, judiciaires, tels que les fixe la Constitution. Mais pour maintenir et pour affermir dans l'avenir nos institutions face à toutes les entreprises factieuses, de quelque côté qu'elles viennent. Et aussi aux manoeuvres de ceux qui, de bonne ou de mauvaise foi, voudraient nous ramener au funeste système d'en temps. Je crois devoir faire au pays la proposition que voici.
Mais, comme toujours, je ne peux et ne veux rien accomplir qu'avec votre concours, comme toujours. Je vais donc bientôt vous le demander.
Alors, comme toujours, c'est vous qui en déciderez. Vive la République ! Vive la Suisse !
Représentant Chancelier Suisse Ryan.Zinke